20 mai 2020

Écrit par Cluster Medias

Pourquoi est-il nécessaire pour un acteur des médias d’exposer ses contenus sur une plateforme numérique ?

Huit heures par jour[1], c’est le temps que passent en moyenne les Français devant les médias. En 2019, le temps passé sur Internet a dépassé celui passé devant leur poste de télévision[2]. L’accessibilité au grand public des technologies, la généralisation de la connexion en haut débit et le développement de l’Internet mobile, avec notamment l’arrivée de la 5G, n’ont cessé de modifier les habitudes de consommation : cette année-là, 63% de la population française ont utilisé Internet pour suivre l’actualité[3]. En parallèle, le smartphone, équipant 75% des Français[4], est devenu le premier device utilisé pour visionner du contenu en ligne[5].

Les supports médias de diffusion de contenus doivent être adaptés afin de mieux répondre aux nouvelles attentes du marché. Les plateformes digitales, à l’instar de Netflix, Spotify ou Youtube semblent devenir la nouvelle norme des acteurs du secteur pour diffuser leur contenu. Le confinement lié au Coronavirus a accéléré la consommation liée aux plateformes, notamment sur le streaming en France. Près d’un internaute français sur 2 (46%) accède aujourd’hui à un service SVOD[6].

Pourquoi est-il nécessaire pour un acteur des médias d’exposer ses contenus sur une plateforme numérique ? Quels avantages et défis y sont associés ? Zoom sur ce nouveau phénomène.

Qu’est-ce qu’une plateforme digitale ?

Une plateforme digitale est une interface numérique qui permet de diffuser et de valoriser du contenu. S’inscrivant dans une économie participative, elle crée ainsi un écosystème qui se met au service des réseaux qu’elle anime. La plateforme constitue une zone de mise en relation entre utilisateurs qui créent de la valeur et qui la font évoluer.

Pour un acteur des medias, les plateformes semblent avantageuses voire indispensables puisqu’elles constituent un moyen d’exposer leur catalogue de contenus et d’interagir avec leur audience. Disposer d’une plateforme requiert néanmoins un certain niveau d’exigence. Pour offrir un service de qualité, il est, entre autres, nécessaire d’animer régulièrement une plateforme en contenus, de la faire évoluer selon les usages via des fonctionnalités ainsi que de proposer une infrastructure qui justifie l’ambition d’une activité. Ce sont ces enjeux que nous allons adresser dans cet article.

Une plateformisation des médias induite par de nouveaux usages…

Pour le cas des médias TV, la consommation de contenus ne se fait plus uniquement en linéaire : la télévision est davantage consommée de manière asynchrone, surtout par le jeune public. La durée d’écoute individuelle sur téléviseur chez les 15-34 ans est passée de 2h50 en 2012 à 1h43 en 2019[7]. En parallèle, le streaming devrait connaître une croissance annuelle de plus de 16% d’ici 2021[8].

Désormais, les contenus doivent être accessibles à tout moment, depuis n’importe où et sur n’importe quel support. Les types et les formats de ces contenus doivent être repensés pour s’adapter à différents écrans (TV, tablettes, smartphones) et aux usages liés à la mobilité (visionnage durant les transports travail/domicile, écoute en voiture, etc). Lancée le 6 avril 2020, la plateforme Quibi, pour « Quick bites » a pris le pari de produire des formats courts exclusifs optimisés pour une utilisation sur smartphone[9].

…et accélérée par les avancées technologiques

Afin de mettre à disposition leurs contenus et pouvoir les diffuser, les entreprises doivent réaliser de forts investissements dans la création de leur plateforme. Les avancées technologiques permettent aux acteurs de les développer selon les budgets et leurs besoins. Deux solutions se distinguent :

  • La plateforme custom : cette option est plébiscitée par des acteurs qui ont une vision claire de la plateforme (et de ses fonctionnalités) qu’ils souhaitent développer. Celle-ci nécessite ainsi un haut degré de personnalisation, avec une spécification de chacune de ses briques. Dans ce cas, il est intéressant d’opter pour la mise en place d’une infrastructure existante qui sera « customisée » par des équipes dédiées en fonction des besoins métiers.
  • La plateforme sur étagère : ce choix repose sur un produit en marque blanche, c’est-à-dire une solution existante et développée par un acteur du marché. Il est caractéristique d’un acteur qui dispose de délais serrés pour sortir un produit ou ne dispose pas des expertises internes nécessaires pour gérer la maintenance et les évolutions d’infrastructure. Dans ce dernier cas, la gestion de la plateforme est confiée à un prestataire sélectionné

Au-delà du choix technique de la plateforme, les acteurs sont nombreux à utiliser les avantages des technologies pour apporter des nouvelles expériences à une plateforme. On peut citer les expériences immersives via l’AR/VR ou l’audio 3D. Sony, par exemple, propose son concept 360 Reality Audio[10] qui comprend une bibliothèque de titres musicaux écoutables en audio 3D (technologies audio immersives) et disponibles sur ses plateformes partenaires Deezer, nugs.net et TIDAL.

Ces mutations amènent les médias à repenser leur manière de diffuser leurs contenus : les plateformes leur sont désormais indispensables d’une part pour répondre aux nouveaux usages. Ces dernières offrent d’autres avantages comme la valorisation des contenus et la génération de revenus d’autre part.

Les avantages d’une plateforme

Exposer et valoriser une diversité de contenus et services

Pour un acteur des médias, une plateforme digitale représente une vitrine pour exposer et valoriser des contenus auprès de ses utilisateurs. Elle permet d’engager un storytelling pour garder un lien direct avec sa communauté. En exposant des contenus régulièrement, la plateforme digitale contribue à créer un écosystème digital pour mieux servir ses utilisateurs.

La FFT (Fédération Française de Tennis) a par exemple choisi de lancer sa plateforme 100% digitale (FFT TV[11]) en mars 2020 dans l’objectif de valoriser le tennis auprès du grand public. Celle-ci lui permet en effet de diffuser et de mettre en valeur sa mine de contenus (tutoriels pour apprendre les bases du tennis, « live » de certaines compétitions, actualités liées à certains clubs, etc.) et de fédérer de multiples parties prenantes du tennis français, tout en assumant une légitimité en tant qu’acteur du monde sportif.

Pour d’autres plateformes, c’est la proposition de services qui est recherchée. Toujours dans le cas de la FFT, elle propose des services de boutique et une billetterie dédiée via la plateforme digitale officielle Roland-Garros dont elle est l’organisatrice.

Rendre des contenus plus accessibles

Une plateforme digitale apporte d’autres avantages comme l’accessibilité des contenus à un public dédié. Certains médias disposent d’un catalogue de contenus larges qui adresse différents publics.  Ils doivent créer des offres lisibles et adaptées à chaque audience pour mieux distribuer leurs contenus et les rendre plus accessibles.

En tant qu’acteur de l’audiovisuel public, l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) a différentes missions dont la conservation et la valorisation des archives TV, radio. Ainsi, elle dispose d’une large offre de contenus qu’elle doit rendre accessible à différents publics (B2B, B2C) au travers de différents écrans. Pour répondre à ces enjeux, l’entreprise propose différentes plateformes à date[12] mais a pris un virage accéléré vers le numérique dès 2019 à l’image des lancements récents de son offre svod, madelen[13] ou d’une offre de services à destination des professionnels, Mediaclip[14].

Générer des revenus : 3 business model possibles

Créer et gérer sa plateforme génère des coûts, mais peut également être source de revenus. Tout acteur souhaitant lancer sa propre plateforme doit bien identifier le modèle économique qu’il souhaite adopter en fonction de ses objectifs stratégiques et des contraintes qui lui sont imposées. On distingue aujourd’hui trois modèles économiques :

  • Le modèle gratuit :

Le modèle repose sur l’accessibilité de la totalité des contenus en gratuit. Les acteurs optent pour ce choix s’ils ne sont pas en capacité de produire, distribuer un contenu exclusif ou payant sur le marché. Cela peut se justifier également par l’impossibilité de fournir un service payant. 

Ainsi, les revenus vont essentiellement être générés par la publicité sous différents formats (display, liens sponsorisés ou vidéo). En 2020, les plateformes dites AVOD financées par la publicité, semblent devenir le modèle de référence aux Etats-Unis face aux acteurs du streaming payant[15]. Peacock, la plateforme digitale de NBC Universal, va adapter son lancement grand public avec plusieurs offres dont une gratuite avec publicité[16]. Cette offre fera l’objet d’un catalogue réduit en juillet 2020 prochain. En plein essor, ce modèle s’apprête à gagner l’Europe. Rakuten TV annonce une plateforme AVOD en Europe, comme une solution alternative au modèle payant[17]. En France, TF1 et France Télévisions ont effectué respectivement en 2019 une refonte des offres MyTF1 et France.tv sous ce modèle.

L’exigence de ce modèle consiste à approfondir le sujet de la connaissance client. Les plateformes doivent être en mesure de mieux cibler leurs utilisateurs au niveau de la publicité, proposer une expérience personnalisée grâce aux algorithmes de recommandation.

  • Le modèle freemium :

Ce business model repose sur une proposition de contenus gratuits et payants définis en amont. Un acteur peut proposer ce modèle à condition de disposer à minima d’une large audience. Cette dernière représente un potentiel de monétisation pour transformer ses clients en abonnés. Les arguments de conversion vers une offre payante peuvent être illustrés sous deux leviers :

  • L’accès à des contenus propres : pour des acteurs médias comme le Parisien, les abonnés auront accès à des contenus premium et en illimité (décryptages scientifiques, accès aux archives et magazines, …).
  • L’accès à des fonctionnalités supplémentaires: pour d’autres acteurs comme Spotify, les services payants se traduisent par des formules Premium (Individuel, Duo, Famille) qui donnent accès à des fonctions supplémentaires comme la lecture hors connexion, la gestion de plusieurs comptes, des playlists personnalisées ou encore l’absence de publicité.

L’exigence de ce modèle consiste à formuler deux promesses de valeur distinctes. En effet, chaque acteur doit gérer un ajustement délicat du curseur entre la partie gratuite et payante. Ce curseur peut évoluer dans le temps, toujours dans l’optique de faire de la conversion.

  • Le modèle payant :

Le modèle payant repose sur l’accessibilité d’un contenu contre un achat à l’acte (ou TVOD) ou à l’abonnement. Ce dernier est devenu le standard[18] de consommation, avec l’accès à un catalogue en illimité, à l’image de Netflix pour le streaming vidéo (ou SVOD) ou Spotify pour la musique.

Les pré-requis pour se lancer sur ce modèle sont exigeants, à savoir :

  • La disponibilité d’un catalogue exclusif : chaque acteur doit justifier de titres exclusifs (film, série, musique,…) qui vont servir d’appel pour inciter à la souscription d’un abonnement. A l’instar de la future plateforme SVOD Salto des groupes TF1, France Télévisions et M6, la plateforme annonce qu’elle va proposer un catalogue inédit en plus des meilleurs programmes des trois groupes
  • Un état des lieux du marché : la prise en compte des acteurs du marché est primordiale pour se lancer, quelle que soit l’activité (presse, musique, vidéo, …). Toujours sur le marché de la SVOD, certains acteurs comme Mubi ou la Cinetek ont choisi de viser un marché de niche. Leur activité est identique à un acteur comme Netflix mais ne cible pas le même public
  • La maîtrise des activités : le modèle sous-entend la maîtrise des activités liées aux plateformes payantes comme les gestions de la facturation, du service client ou encore du reversement

Si nous observons de plus près le marché avec la SVOD en première ligne, il semble de plus en plus complexe pour un acteur de se lancer. Les difficultés s’illustrent notamment par les éléments suivants : 

  • Les enjeux d’investissement : la conquête d’abonnés nécessite un catalogue de contenus large et de qualité, ce qui nécessite d’importants budgets d’acquisition de droits ou de production. Cela apporte un réel déséquilibre entre les GAFAN et des acteurs nationaux et locaux. Netflix annonce un budget 15 milliards[19] de dollars en 2019 contre 6 milliards[20] pour Apple et 135 millions d’euros pour Salto sur trois ans[21]
  • La lisibilité de l’offre : l’arrivée de nouveaux acteurs internationaux [22] (Disney, Apple, HBO Max, Quibi ou encore Peacock) fait éclater l’offre de contenus. Au-delà du risque de saturation du marché, un utilisateur va devoir effectuer des choix car il ne pourra pas s’abonner à la totalité des plateformes présentes sur le marché. Pour Midia Research, un abonné SVOD ne s’abonnera pas à plus de trois services de ce type[23].

Ainsi, le modèle économique constitue un enjeu majeur pour un acteur des médias. Cependant, il est également confronté à de nombreux défis comme le positionnement stratégique ou encore les assets à disposition. De nombreux enjeux doivent en effet être adressés avant le lancement d’une plateforme.

LES DÉFIS AUXQUELS DOIT RÉPONDRE UN ACTEUR DES MEDIAS QUI SOUHAITE LANCER SA PLATEFORME

Choisir son positionnement stratégique

La multiplication des plateformes digitales renforce la concurrence. Pour se démarquer, il est essentiel pour un acteur de choisir un positionnement qui est caractérisé par :

  • Une politique de prix : le choix d’un business model cohérent avec un objectif business
  • Une politique de distribution : la distribution de son offre sur les différents écrans et en multi-écrans
  • Une politique éditoriale/marketing : le choix d’une proposition de valeur, d’une promesse et d’un ton éditorial qui se traduisent par une offre de contenus. Cette proposition de valeur doit être en phase avec la cible qu’une plateforme souhaite adresser

Ce positionnement stratégique doit être compatible avec l’ambition de l’entreprise. Cependant, il doit également tenir compte des assets à disposition, notamment sur :

  • Les aspects ressources humaines : celles à disposition pour tenir compte de la capacité d’animation 
  • Les aspects techniques : l’infrastructure en place ou à développer pour répondre aux ambitions d’un positionnement souhaité

Ne pas sous-estimer la production de contenus

Une fois la plateforme lancée sur le marché, cette dernière va devoir rapidement activer une stratégie de renouvellement de contenus. Elle doit répondre à deux critères, à savoir la fréquence et la qualité. Si ces deux conditions ne sont pas réunies, les risques peuvent rapidement se traduire par la perte d’un abonné pour une offre payante ou la baisse d’un KPI significatif (audience, vidéo vue, …) pour une plateforme gratuite.

  • Faire évoluer l’offre de contenus

La fidélisation clients est un sujet stratégique pour une plateforme dans le temps. Selon la structure et les moyens à disposition, différentes options de renouvellement se présentent :

–   L’acquisition de contenus : cette option consiste à acquérir les droits d’une œuvre (film, série, musique) pour une période donnée. Compte tenu des forts coûts associés, ce point va davantage concerner des acteurs qui disposent de grandes structures et de budgets d’acquisition conséquents, comme Netflix, TF1 ou Spotify. Ces acquisitions représentent des forts leviers de recrutement et de rétention clients grâce aux exclusivités proposées.

–  La mise en place de partenariats : le levier du partenariat a pour objectif d’apporter de la visibilité à un contenu. La plateforme digitale enrichit son offre, un producteur valorise son œuvre. Ces sujets peuvent concerner tout type de structure à condition qu’il y ait un intérêt bénéfique pour chaque parti. Récemment, Netflix et MK2 ont conclu un partenariat d’un an[24] où Netflix peut proposer sur sa plateforme 50 films d’auteur.

La production de formats propres : chaque plateforme capitalise sur ses propres assets pour créer du contenu. Cette création peut prendre différentes formes comme la production de séries ou films pour une plateforme vidéo, le journalisme d’investigation pour la presse ou la création d’un studio d’enregistrement de podcast pour l’audio. Selon les moyens à disposition, chaque plateforme peut mettre en pratique cette option. Elle peut également externaliser ou collaborer avec d’autres structures si les expertises ne sont pas disponibles en interne.

Selon la ou les option(s) retenue(s), une plateforme digitale doit accompagner cette stratégie de renouvellement par une stratégie de promotion. Cela passe par la production d’une bande-annonce, de teasings, d’interviews qui sont relayés sur des carrefours d’audience et notamment via les plateformes sociales. Certains formats de vidéo sont adaptés selon le mode de consommation (ex : format portrait sur Instagram) pour engager l’audience et favoriser la découvrabilité d’un contenu ou d’une offre

  • Se doter d’une équipe avec un savoir-faire propre au digital.

L’avènement des plateformes digitales a créé de nouvelles activités, ce qui a poussé les organisations à adapter leur structure de manière à mieux gérer leurs activités numériques. Beaucoup d’entre elles ont par conséquent renforcé ou créé leur propre département digital, composé de ressources sur les aspects :

  • Editorial : pôle dédié à l’animation d’un calendrier éditorial regroupant les activités liées :
    • A la création/production de contenus artistiques et éditoriaux
    • A l’animation et à la croissance d’une communauté de fans sur les réseaux sociaux
  • Produit : pôle déterminant la stratégie produit sur chaque plateforme en lien avec les attentes utilisateurs et les évolutions du marché 
  • Web-Marketing : pôle qui soutient et accompagne le dispositif éditorial dans la distribution, monétisation, promotion des contenus ainsi que la notoriété d’une offre
  • Data : pôle dédié traitant les sujets de connaissance et de personnalisation client
  • Technique : pôle en charge de la performance des plateformes d’un point vue chargement, référencement (SEO) ainsi que des évolutions techniques associées (choix des évolutions d’architecture, …)

Ces compétences imposent une collaboration conjointe pour contribuer à la réussite des objectifs fixés.

L’expérience utilisateur

  • Adresser l’exigence des consommateurs

Au-delà d’une offre attractive de contenus, une plateforme doit proposer un socle fonctionnel et technique. Ce socle permet de garantir une expérience client de qualité. Cela se traduit notamment par :

  • La mise en place de fonctions à valeur ajoutée :
    • Personnalisation propre à un utilisateur : proposition de recommandations de lecture selon l’historique d’un utilisateur, reprise de lecture pour les offres VOD, …
    • Proposition d’une expérience propre à chaque écran : 
      • La consommation en mobilité : mise en place d’un téléchargement de programmes ou la réception de notifications mobiles.
      • La consommation TV/musique : intégration d’une fonction cast multi-écrans
    • Mise en valeur de l’interaction : favorisation de l’engagement du consommateur avec le partage de contenus, multiplication des possibilités de donner un avis (évaluer un contenu)
  • La mise en place d’une infrastructure de qualité :
    • Garantir un temps de chargement rapide d’une page ou d’un flux vidéo : cela fait référence à un choix d’infrastructure retenu pour une plateforme (produit personnalisé ou en marque blanche)
    • La sécurisation et la confidentialité des données dans le respect de la RGPD
  • Instaurer une culture du MVP (produit minimum viable)

Toute structure fait face à différentes problématiques pour lancer une plateforme. Les retards observés sont liés à des facteurs internes (technique, opérationnel, …) ou externes (concurrence, actualité, …). Pour garantir le succès d’un lancement, la maitrise de la culture du MVP est indispensable.

Cette dernière se traduit notamment par :

  • La définition de la valeur et du périmètre du projet : le MVP correspond à un produit qui comporte toutes les fonctions nécessaires et suffisantes au démarrage de l’activité. Il s’agit donc des fonctionnalités primordiales pour le lancement d’un service, identifiées par les équipes en charge du cadrage
  • La capacité d’une organisation à aller rapidement sur un marché : chaque membre d’une équipe (PO, Scrum, développeur, sponsor) se doit d’être agile, c’est-à-dire d’investir de l’effort uniquement là où il est nécessaire. Ce succès passe notamment par la mise en place des différentes instances qui garantissent le périmètre fixé, tout en assurant une communication transverse des réalisations effectuées
  • La dotation en outils de mesure : la maîtrise d’un projet passe également par la compréhension des données analytiques. Les KPI comme l’audience, les vidéos vues ou le téléchargement d’une application permettent d’interpréter les données et d’ajuster une stratégie en fonction des résultats obtenus. La mise en place de tableaux de bord spécifiques et automatisés permet une meilleure analyse et facilite la prise de décision par les différentes partes prenantes
  • Le développement du test and learn : une plateforme digitale ne se limite pas qu’à un lancement. Elle doit constamment évoluer en fonction des besoins et retours utilisateurs. Une politique efficace de « test and learn » permet de faire évoluer rapidement une plateforme, tout en apportant une qualité de service. Certains acteurs du marché comme AB Tasty ou Kameleon se sont spécialisés dans cette activité pour accompagner les structures

Adresser la personnalisation client

La plateforme digitale représente le canal d’interaction qui permet de collecter de nombreuses ou essentielles données sur un client, de son profil à sa consommation (type, fréquence, …). Ainsi, les entreprises disposent d’une base de données et donc d’un potentiel levier pour effectuer de la personnalisation ciblée.

Ce niveau de personnalisation peut s’illustrer à travers différents cas d’usages :

  • L’orientation stratégique sur l’animation éditoriale
  • L’investissement en contenus pour alimenter un catalogue
  • La génération de revenus additionnels optimisés grâce aux publicités ciblées 
  • La fidélisation des utilisateurs avec une proposition pertinente et adaptée
  • Améliorer les activités de conversion et opérations anti-churn grâce à une segmentation client pertinente

La personnalisation client représente les enjeux de demain. Dans les 5 à 10 ans, Forbes estime que cette étape de personnalisation supplémentaire passera notamment par la consolidation d’algorithme dits « data-driven[25] ». Cette étape permettra à un acteur de masse d’adresser des expériences de niche.

Concrètement, cela se traduit par des moteurs de recommandation ou par la redéfinition d’une expérience client inédite. Pour le marché du streaming, ce sujet est plus qu’actuel à l’image de Netflix qui va multiplier l’expérience « TV interactive[26] », avec le programme Black Mirror Bandersnatch. Ces programmes vont se multiplier permettant à un utilisateur de devenir son propre acteur. Les aspects recrutement clients seront facilités tout en continuant à fidéliser la clientèle actuelle.

CONCLUSION

Pour un acteur des médias, la plateforme représente une solution indispensable pour valoriser des contenus ou proposer un service de découverte de contenus. Cependant, le marché concurrentiel apporte des exigences dans la mise en place d’une plateforme, surtout d’un point de vue des contenus exposés, des fonctionnalités proposées et de l’infrastructure à faire évoluer. Au global, les médias doivent revoir leur stratégie et positionnement numérique pour mieux connaître et servir leurs clients. Dans ce contexte, cela implique et nécessite la réorganisation d’une activité spécifique autour de ces nouveaux métiers digitaux  qui constituent le monde d’aujourd’hui et de demain. Cette notion de conduite de changement reste un challenge à adresser, quel que soit le type de structure pour devenir un acteur de référence.

 

[1] Statista, « Infographie 2019 : l’année où Internet a dépassé la télévision » : https://fr.statista.com/infographie/9737/consommation-moyenne-medias-tv-et-internet-en-minutes/

[2] Statista, « Infographie 2019 : l’année où Internet a dépassé la télévision » : https://fr.statista.com/infographie/9737/consommation-moyenne-medias-tv-et-internet-en-minutes/

[3] Arcep, Conseil général de l’économie, Agence du Numérique « Baromètre du Numérique 2019 »

[4] Arcep, Conseil général de l’économie, Agence du Numérique

[5] Limelight Networks, « The State of Online Video 2019 ».

[6] CB News : https://www.cbnews.fr/medias/image-confinement-46-internautes-francais-accedent-service-svod-51204

[7] Centre d’observation de la société, « la télé amorce son declin », 3 janvier 2020, consulté le 9 mars 2020 : http://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/loisirs-culture/duree-ecoute-television.html

[8] PWC, 2017 : « Médias et loisirs : l’expérience utilisateur et l’analyse des données, leviers stratégiques pour fidéliser les consommateurs »

[9] France info : https://www.francetvinfo.fr/culture/series/quibi-une-nouvelle-plateforme-avec-des-films-et-series-sur-mobile-par-chapitres-de-10-minutes_3681371.html

[10] Sony : https://www.sony.fr/electronics/360-reality-audio

[11] FFT : https://www.fft.fr/actualites/fft-tv-100-tennis

[12] Ina Institut : https://institut.ina.fr/

[13] CB News : https://www.cbnews.fr/medias/image-ina-lance-madelen-sa-nouvelle-offre-streaming-50158

[14] CB News : https://www.cbnews.fr/medias/image-ina-presente-mediaclip-son-service-achat-professionnels-52018

[15] Les Echos : https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/avec-peacock-la-svod-financee-par-la-publicite-devient-une-vraie-alternative-aux-etats-unis-1195188

[16] CNET France :https://www.cnetfrance.fr/news/peacock-la-nouvelle-plateforme-de-svod-montre-ses-plumes-avant-de-decoller-39897605.htm

[17] La Tribune : https://www.latribune.fr/technos-medias/l-avod-un-modele-gagnant-pour-exister-face-aux-geants-du-secteur-832366.html

[18] En 2019, la tendance des plateformes SVOD s’est confirmée avec une part des abonnements représentant plus de 79% du marché de la vidéo en France, soit 11 points de plus qu’en 2018#.

[19] Capital : https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-somme-affolante-que-netflix-pourrait-investir-dans-ses-contenus-en-2020-1360084

[20] Les numériques : https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/apple-tv-6-milliards-dans-le-contenu-pour-un-service-a-9-99-par-mois-n139307.html

[21] Puremédias : https://www.ozap.com/actu/salto-tf1-france-tele-et-m6-vont-tripler-le-budget-de-leur-plateforme-de-svod/584768

[22] Apple TV+, Disney+, Hbo Max, Peacock

[23] La Tribune : https://www.latribune.fr/technos-medias/l-avod-un-modele-gagnant-pour-exister-face-aux-geants-du-secteur-832366.html

[24] Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/medias/netflix-va-diffuser-des-films-de-francois-truffaut-20200420

[25] Forbes : https://www.forbes.com/sites/blakemorgan/2019/07/05/what-is-the-future-of-television/#35841fd059de

[26] Wired, https://www.wired.com/story/netflix-interactive-tv-every-viewer-is-a-showrunner/

 

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